Les substances per ou polyfluoroalkylées (PFAS) sont une large famille de plusieurs milliers de composés chimiques. Elles présentent de nombreuses propriétés (antiadhésives, imperméabilisantes, résistantes aux fortes chaleurs) qui ont encouragé leur fabrication puis leur utilisation par de multiples secteurs industriels. Présents dans tous les milieux (eau, air, sol) et dans la chaîne alimentaire, les PFAS se dégradent très peu, c’est pourquoi il est possible d’en retrouver des traces dans l’environnement,y compris pour des substances qui ont été interdites depuis plusieurs années.
En raison de leurs potentiels effets néfastes sur la santé, la recherche de PFAS dans l’eau de consommation humaine sera obligatoire dans le cadre du contrôle sanitaire de l’eau de consommation humaine à partir du 1er janvier 2026, comme le prévoit la Directive européenne n°2020/2184. L’Agence Régionale de Santé Occitanie a choisi d’anticiper cette échéance réglementaire en menant une campagne exploratoire inédite sur 329 points de prélèvements sélectionnés pour leur potentielle vulnérabilité aux PFAS Cette recherche a porté sur 20 PFAS listés par la directive européenne.
Sur l’ensemble des 326 prélèvements réalisés (*), 3 résultats sont supérieurs à la norme réglementaire pour l’« eau distribuée ». Ces prélèvements ont été effectués sur des eaux brutes (eaux avant traitement), pour lesquelles la norme est de 2000 ng/L. Cependant, dans la mesure où ces eaux ne faisaient pas l’objet d’un traitement adapté à la diminution de concentration en PFAS au moment du prélèvement, l’ARS Occitanie a appliqué la norme la plus restrictive sur l’ensemble des prélèvements. C’est donc au regard de la norme « eau distribuée » (100 ng/L), que ces 3 non-conformités ont été constatées.
Cette campagne d’analyse régionale vient en complément d’une campagne nationale portant sur l’analyse d’une trentaine de PFAS (dont les 20 PFAS prévus dans le cadre de la directive européenne) et qui sera menée par l’ANSES au deuxième semestre 2024. 200 points de prélèvement sélectionnés par l’ARS Occitanie (et déjà analysés dans la campagne régionale) seront inclus dans cette étude.
(*) 3 points de captage n’ont pu être prélevés : l’un n’est plus en service et les deux autres étaient non-fonctionnels. Ces deux sites de Mejanelle Aqua Domitia (34) et de Buvettes Castres (81) seront prélevés ultérieurement.
Au 26/04/2024 :
3 prélèvements sur les 326 réalisés s’avèrent non conformes
En raison du niveau élevé d’exigence de qualité des analyses, les 3 laboratoires retenus sont accrédités COFRAC pour les analyses de chacun des 20 paramètres de la liste. Cette disposition permet d’avoir une garantie sur la qualité des résultats des analyses.
Consulter le détail des prélèvements
Les différentes situations relevées lors de la campagne d'analyse de l'ARS en 2024 (dans les départements 34, 11, 30) ont été solutionnés et l’eau délivrée sur celles-ci est conforme aux normes.
Grand-Narbonne (11)
Pont Saint-Esprit - Codolet (30)
Gravière Lagarde (31)
Lunel Viel - Saint Just - St Nazaire de Pezan (34)
L’eau délivrée est conforme aux normes
Situation - données :
Début 2025, en lien avec la montée en compétence des laboratoires sur la recherche du TFA, l’Agence régionale de santé a programmé la recherche de TFA, sur 32 points de captage dans le nord du Gard ; captages situés à proximité du Gardon en aval du site industriel de Salindres. Cette nouvelle campagne exploratoire visait à évaluer la présence de PFAS, dont le TFA, dans ces captages et à déterminer l’exposition possible des usagers, via le réseau d’eau potable. Consultez les résultats ici
A la suite de cette première campagne d’analyse fin janvier 2025 confirmant l’impact de cette contamination au niveau de certaines ressources exploitées pour la production d’eau potable, un suivi mensuel de cette molécule est mis en œuvre au niveau des ressources potentiellement influencées.
La mise en place de ce suivi mensuel a été décidée considérant l’absence d’historique analytique de cette molécule dans les captages d’eau potable et les variations observées sur la première campagne.
L’instruction du 19 février 2025 relative à la gestion des risques sanitaires liés à la présence de composés perfluorés (PFAS) dans les eaux destinées à la consommation humaine, à l’exception des eaux conditionnées, précise les modalités de gestion des résultats d’analyse de TFA en retenant :
L’utilisation de la valeur sanitaire indicative de 60 µg/L ;
La définition d’une trajectoire de réduction vers une concentration inférieure à 10 µg/L.
Lorsque les valeurs sont dépassées et que le préfet, sur rapport du directeur général de l’ARS, estime que la distribution présente un risque pour la santé des personnes, peut demander à la personne responsable de la production ou de la distribution d'eau, de restreindre, voire d'interrompre la distribution ou de prendre toute autre mesure nécessaire pour protéger la santé des personnes.
Résultats d’analyses et interprétation
Le tableau ci-dessous reprend l’ensemble des résultats d’analyse depuis le mois de janvier 2025 -sur les 21 captages d’eau potable suivis.
Les résultats permettent de tirer les premières conclusions suivantes :
Un dépassement de la valeur sanitaire indicative sur un échantillon prélevé le 9 septembre sur le forage de Maisonnette, exploité par BRL pour le compte de Nîmes Métropole afin d’alimenter en eau potable la commune de Saint Chaptes. Cette ressource présente les teneurs plus élevées. La valeur n’a pas été confirmée. Après échange avec la collectivité, la commune de Saint Chaptes pourra être alimentée par l’eau de Nîmes au cours du premier semestre 2026.
Outre cette ressource, 6 autres captages d’eau potable sont impactés présentant des teneurs moyennes comprises entre 15 et 30 µg/L : ceux situés sur les communes de Vézénobres, Ners, Collias, Remoulins et le second forage de BRL (Olivettes) situé sur la commune de Moussac.
7 ressources présentent des teneurs plus faibles avec une valeur médiane inférieure à la valeur cible de 10 µg/L : les captages de Maruéjols les Gardons, Dions, la Calmette, Sauzet, Collorgues et Saint Bonnet du Gard
Pour les 7 captages restant, une analyse plus approfondie est nécessaire.
Le graphique ci-après illustre la synthèse des résultats.
Ces données sont régulièrement partagées avec les autres services de l’Etat (DDTM et DREAL), ont été communiquées aux services de l’EPTB des Gardons ainsi qu’au bureau d’études en charge de l’Interprétation de l’Etat des Milieux (IEM) demandée à Solvay.
En matière d’information des collectivités :
Une réunion d’information a été organisée en sous-préfecture d’Alès le 4 juin, à laquelle ont été invitées les collectivités concernées de l’arrondissement d’Alès.
Les services de l’ARS répondent aux questions des collectivités, les échanges ont majoritairement concerné la Régie des Eaux d’Alès Agglomération et Nîmes Métropole (pour le cas de Saint Chaptes).
Actions en cours
Ces données analytiques confirment la contamination de certaines ressources destinées à la production d’eau potable.
Afin de garantir la sécurité des consommateurs vis-à-vis de l’eau potable, il est nécessaire :
D’aboutir au raccordement de la commune de Saint Chaptes à l’eau de Nîmes (alimentée par l’eau de la nappe alluviale du Rhône prélevée à Beaucaire) afin d’assurer a minima une dilution de l’eau provenant des forages de BRL.
De maintenir un suivi mensuel des 7 captages impactés, voire des 14 captages (pour mieux comprendre l’influence de la qualité du Gardon sur les ressources exploitées).
D’étudier, par précaution, les possibilités de maillages (faisabilité, chiffrage) des communes desservies par des ressources dont les teneurs ont dépassé 30µg/L : Collias, Vézenobres, Remoulins, et au regard du suivi 2026 peut-être le SIAEP du Pont du Gard et Saint Anastasie. En effet, à ce jour, il n’existe pas de traitement dont l’efficacité a été reconnue contre le TFA.
De poursuivre le travail engagé par la DREAL pour la maitrise des rejets (en particulier du « passif »).
Les PFAS peuvent présenter un risque pour la santé humaine lié à une exposition chronique (répétée et à long-terme). Lorsque les analyses révèlent une non-conformité il n’y a pas de restriction de la consommation de l’eau mais la mise en œuvre des mesures de gestions sur le moyen et long terme (Instruction n°DGS/EA4/2024/30 du 12 mars 2024 relative à la gestion des risques sanitaires liés à la présence de composés perfluorés).
L’ARS travaille en étroite collaboration avec la DREAL (Direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement) et le gestionnaire du réseau pour identifier les sources de contamination possibles, afin de réduire leur impact et limiter l’exposition de la population. Le gestionnaire doit procéder à une enquête afin de déterminer les causes du problème et prendre toute mesure nécessaire pour rétablir la qualité de l’eau en réduisant le niveau de contamination. En cas de risque pour la santé, le Préfet en lien avec l’ARS diffuse des recommandations d’usage à la population et il peut être amené à restreindre la consommation d’eau.
Pour chaque situation de non-conformité, la valeur retrouvée a été confirmée par plusieurs analyses
> 100 ng/L (ou > 0,1 µg/L). Ces points de prélèvements feront l’objet d’un suivi régulier, au moins mensuel dans un premier temps, afin de connaître l’évolution de la contamination (stabilité, augmentation ou diminution). A court ou moyen terme, afin de limiter l’exposition des populations plusieurs solutions peuvent être envisagées :
- La mise en œuvre d’un traitement au charbon actif pour filtrer l’eau distribuée
- La dilution de la ressource (avec une ressource existante ou une nouvelle ressource)
- La recherche d’une ressource de substitution (nouvelle ressource)
- La diminution ou la suppression de l’origine de la contamination,
solution prioritairement mise en place lorsque c’est possible.
Ces solutions uniques ou combinées seront mises en œuvre après étude de chaque situation avec la collectivité concernée, le gestionnaire du réseau, la DREAL et l’Agence de l’eau concernée.
Les situations conformes mais présentant des niveaux de concentration entre 50 et 100 ng/L dans l’eau de consommation feront l’objet d’une surveillance dans le cadre du contrôle sanitaire soit 7 sites de prélèvement :
Liste des communes distribuées avec une concentration PFAS comprise entre 50 et 99 ng/L :
- Gard – 51 ng/L - Captage de la fontaine – commune GENERAC – population : 9898 habitants
- Gard – 73 ng/L - Puits de rodilhan – commune RODILHAN – population : 2878 habitants
- Hérault – 95 ng/L (avant dilution) - FLES SUD - commune VILLENEUVE-LES-MAGUELONE – population : 10685 habitants
- Pyrénées-Orientales – 52 ng/L - LO SIECRET - commune LE BOULOU – population : 6336 habitants
- Pyrénées-Orientales – 51 ng/L - F4 Garoufle (captage de secours) - commune PIA sud – population : 10830 habitants
- Pyrénées-Orientales – 60 ng/L - F3 UTV Calce - commune CALCE - population : 224 habitants
- Pyrénées-Orientales – 50 ng/L - F1 Mas aragon - commune ELNE - population : 9551 habitants
Ces sites feront l’objet de recontrôles. Même si la norme de qualité n’est pas dépassée, la source de contamination sera recherchée en lien avec la DREAL, la priorité étant d’identifier l’origine de la pollution et d’en limiter les effets.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) a réalisé sur 2024 et 2025 une campagne exploratoire sur l’ensemble du territoire. Le laboratoire de l’ANSES - le Laboratoire d’Hydrologie de Nancy (LHN) – a analysé 35 PFAS, dont notamment les 20 PFAS prévus par la Directive européenne et le TFA (acide trifluoroacétique).
Cette campagne nationale a pour but de connaître l’état de contamination des masses d’eau en France. Des prélèvements ont eu lieux dans tous les départements de France. Les captages qui sont analysés sont notamment, pour chaque département :
- la ressource avec le plus gros débit,
- une ressource issue d’un tirage au sort aléatoire,
- des ressources choisies par les ARS
Il s’agit à la fois de ressources souterraines (source de montagne, nappe, forage) ou de ressources superficielles (rivières, lacs..)
L’Occitanie est concernée par près de 200 points de prélèvements.
Les mesures de sécurité sanitaire mobilisent activement les services de l’ARS ainsi que toutes les équipes qui participent au contrôle de la qualité de l’eau partout en Occitanie, les services de l’Etat avec l’ensemble des collectivités et des responsables de la production et de la distribution d’eau. Ces sujets d’interactions entre les questions environnementales et les questions de santé sont au cœur de nombreux débats d’actualité, dans lesquels l’action des services de l’Etat est interpellée comme celle des industriels.
Pleinement mobilisée pour répondre à ces préoccupations de nos concitoyens, l’ARS réaffirme son engagement aux côtés des services de l’état, des élus locaux et de tous les acteurs de la gestion de l’eau pour veiller à la protection de la santé des habitants et de notre environnement dans chaque territoire.





