Personnes âgées dépendantes en 2040

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Conséquence du vieillissement et de l’arrivée aux âges avancés des générations du baby-boom, le nombre de seniors dépendants augmenterait de 60 % en Occitanie d’ici 2040. En particulier, les départements du Gard, de la Haute-Garonne, de l’Hérault et du Tarn et Garonne seraient confrontés à une forte hausse du nombre de personnes âgées dépendantes, notamment à domicile.

Pour faire face à ces évolutions, de nouvelles formes alternatives de prise en charge devront être développées pour compléter l’offre en institution et favoriser le maintien à domicile.

 

Le nombre de personnes âgées de 85 ans ou plus doublerait de 2015 à 2040, passant de 204 000 à 409 000. Le plus fort de la hausse surviendrait à partir de 2032.

Le vieillissement de la population s’accompagnerait d’une progression du nombre de seniors dépendants, la dépendance augmentant avec l’âge. En 2015, 191 000 seniors de 75 ans ou plus étaient dépendants en Occitanie. À l’horizon 2040, 306 000 seniors seraient dépendants, soit 115 000 de plus en 25 ans (+ 60%). Le taux de dépendance resterait sensiblement le même sur la période de l’étude : 1 senior sur 3 serait en situation de dépendance.

La dépendance sévère (besoin de prise en charge de la plupart des activités de la vie courante ou perte totale de l’autonomie motrice et/ou mentale) concernerait 86 000 seniors en 2040, soit 20 000 personnes sévèrement dépendantes de plus qu’en 2015. Le nombre de seniors sévèrement dépendants progresserait de 31 %. Toutefois le taux de dépendance sévère diminuerait mécaniquement, selon  l’hypothèse d’amélioration de l’état de santé qui contribuerait à une espérance de vie sans incapacité, plus longue. Ce taux passerait de 11 % des seniors en 2015 à 8 % en 2040.

Des disparités territoriales importantes existent entre les départements de la région. En 2015, les taux de dépendance variaient de 30 % dans l’Aude, l’Hérault et les Pyrénées-Orientales à 38 % en Lozère. Le taux était plus élevé dans les départements âgés et ruraux, comme la Lozère, l’Ariège, l’Aveyron et le Gers.

À l’horizon 2040, le choc du papy-boom serait plus fort dans les départements qui avaient une part importante de « jeunes seniors » (60-75 ans) en 2015. Le nombre de seniors dépendants et sévèrement dépendants augmenterait plus vite dans le Gard en particulier, mais aussi dans l’Hérault, l’Aude et le Tarn-et-Garonne.

Près de 61 000 places en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) ou en unités de soins de longue durée (USLD), étaient installées dans la région Occitanie en 2015. Un senior dépendant sur quatre y était hébergé, et un senior sévèrement dépendant sur deux.

Dans l’hypothèse de l’absence de création de places d’hébergement permanent d’ici 2040, à l’exception de l’installation des 1 000 places déjà programmées, le nombre de places pour 100 seniors dépendants passerait de 32 à 20 entre 2015 et 2040. Les seniors en EHPAD et USLD seraient plus souvent en situation de dépendance sévère en 2040, compte tenu de l’hypothèse de leur prise en charge prioritaire en institution.

82 % des personnes âgées dépendantes seront donc prises en charge à domicile en 2040. En 25 ans, on compterait ainsi 109 000 seniors dépendants de plus à domicile, dont 10 900 sévèrement dépendants.

 

La hausse du nombre de seniors s’accompagnerait d’un besoin plus important d’emplois dans le secteur du grand âge, quel que soit le mode de prise en charge.

Dans l’hypothèse du maintien des taux d’encadrement actuels en institution à l’horizon 2030, des emplois supplémentaires d’aides-soignants et infirmiers seraient nécessaires (+ 0,6 % par an). D’autre part, à domicile, le nombre d’heures d’intervention de professionnels (infirmiers, aides-soignants ou aide-ménagères) devrait augmenter de 1,4 % par an.

Les enjeux pour l’ARS Occitanie : retarder l’entrée dans la dépendance, adapter le domicile et transformer l’EHPAD

 

Pour relever à ce défi, l’ARS Occitanie, en complémentarité avec les actions menées par les conseils départementaux, a d’ores et déjà engagé des actions pour agir sur plusieurs leviers.

Par exemple, l’ARS soutient le projet ICOPE porté par le Gérontopôle de Toulouse afin d’accélérer le repérage des personnes âgées fragiles et leur proposer des solutions pour retarder la dépendance et leur permettre de vieillir en bonne santé. Ce projet s’inscrit pleinement dans la stratégie ministérielle « Vieillir en bonne santé » du 16 janvier 2020.

L’ARS a également déployé une cinquantaine de places d’accueil temporaire en EHPAD pour les personnes âgées en sortie d’hospitalisation, avec un reste à charge limité. Une centaine de places seront déployées au total sur la région d’ici fin 2020. Cette mesure s’inscrit dans le cadre du pacte de refondation des urgences.

Le renforcement des structures est également au cœur des préoccupations de l’ARS qui a créé plus de 2 000 postes de soignants en EHPAD entre 2017 et 2021 et a investi près de 11 millions d’euros pour la reconstruction ou la rénovation d’EHPAD vieillissants.

L’attractivité des métiers du grand âge est un objectif prioritaire de l’ARS Occitanie. En 2019, 8 millions d’euros ont été consacrés à des actions pour améliorer la qualité de vie au travail et pour former les personnels. En 2020, un plan d’action Occitanie pour l’attractivité des métiers du grand âge va également être lancé avec plus 30 partenaires.

L’ARS Occitanie innove et transforme l’offre de prestations pour les personnes âgées en  soutenant des projets alternatifs aux EHPAD qui permettront d’offrir des prises en charge alternatives pour le maintien à domicile. 2 millions d’euros seront consacrés à ces projets expérimentaux qui seront lancés dès 2020.

Enfin, l’ARS se mobilise pour soutenir les aidants, c'est-à-dire tout proche qui vient en aide de façon régulière à une personne en perte d’autonomie. En appelant le 0 806 806 830, tous proches de patients atteints de maladie neurodégénératives  peuvent obtenir un entretien téléphonique gratuit et anonyme avec des psychologues de 18h à 22h. La stratégie nationale « Agir pour les aidants » permettra de renforcer les actions en leur faveur.

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