Poulaillers domestiques et dioxines - Recommandations préventives

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poule avec des oeufs

Une étude sur la contamination des œufs par des polluants organiques persistants a été menée à Toulouse. Les résultats restent majoritairement sous les seuils réglementaires mais, pour limiter leur exposition à ces polluants, tous les particuliers propriétaires d’élevage de poules, en ville comme à la campagne, sont invités à respecter des bonnes pratiques.

Les dioxines sont des polluants de l’environnement qui font partie des molécules chimiques classées comme « polluants organiques persistants » (POP). Peu volatils et peu solubles dans l’eau, ces molécules résistent à la chaleur et ont une biodégradabilité très lente dans les sols.

Les POP sont issus des processus de combustion liés aux activités humaines (métallurgie, sidérurgie, incinération, combustion de bois), aux activités individuelles (chauffage au bois, brûlage déchets verts, barbecue) ou sont d’origine naturelle (incendie).

Le terme générique de « dioxines PCDD/F » regroupe plusieurs centaines de composés apparentés dont certains ont une toxicité marquée connue (PCB, hydrocarbures aromatiques polycycliques, composés perfluorés, pesticides, etc.), et principalement la TCDD (tetrachloro-2,3,7,8 dibenzo-para-dioxine) mise en cause dans l’accident de Seveso de 1976 en Italie.

Les niveaux de dioxines PCDD/F se mesurent en Indicateur Equivalent Toxique ou I-TEQ, unité de mesure établie par l’OMS en 1999.

Une accumulation dans l’environnement

Les dioxines rejetées dans l'air sont majoritairement fixées aux poussières émises lors de la combustion. A leur retombée, ces poussières contaminent les sols qui peuvent être au contact d’êtres vivants. Ces molécules se concentrent alors préférentiellement dans les corps gras et se retrouvent donc dans certains aliments riches en graisses (viandes, poissons, lait, œufs) et s'y maintiennent longtemps.

La concentration des activités humaines autour des aires urbaines contribue à potentiellement surexposer aux dioxines les environnements (eau et sols). Les poulaillers en plein-air en zone urbaine sont donc particulièrement sensibles aux dioxines dans le sol que les poules sont susceptibles de gratter et d’ingérer lors de la consommation d’aliments et d’eau à même le sol.

 

Effets sur la santé

Les effets sur la santé sont variables et souvent méconnus. Lors d’une exposition régulière, une augmentation du risque de cancers est avérée chez l’adulte avec un risque accru d’altérations du développement de l’enfant, de troubles endocriniens et immunitaires, et chez le fœtus et les nouveaux nés de malformations congénitales.

Santé publique France a publié en 2021 les résultats d’une étude de l’exposition de la population française aux dioxines 

Lien de l’étude : Imprégnation de la population française par les polychlorobiphenyles, dioxines et furanes. Programme national de biosurveillance, Esteban 2014-2016 (santepubliquefrance.fr)

montrant que l’ensemble de la population est exposé avec une imprégnation qui augmente avec l’âge et l’indice de masse corporelle. L'exposition aux dioxines se fait à plus de 90 % par les aliments, principalement d’origine animale. Les personnes les plus sensibles sont les enfants, les femmes enceintes ou allaitantes, et les personnes avec un indice de masse corporelle (IMC) élevé. 

Il n’existe aucun traitement favorisant leur élimination de l’organisme et seule l’application des gestes de prévention limite son exposition.

 

L’étude de la contamination des sols parisiens

En 2023, l’ ARS Île-de-France a mené une enquête au sein de 25 poulaillers domestiques dans Paris et dans les départements de la petite couronne en tenant compte de leur proximité avec les 3 incinérateurs potentiellement émetteurs de dioxines.

Les résultats de cette étude publiés confirment une présence généralisée des dioxines dans les sols et les œufs de poule sans aucun lien avec la proximité d’un site potentiellement émetteur de dioxines. Cette omniprésence accroit le risque de développer des effets sur la santé si une consommation d’œufs autoproduits est régulière.

Depuis le 20 novembre 2023, l’ARS Île-de-France recommande aux Franciliennes et Franciliens d’éviter la consommation d’œufs de poule issus d’élevages domestiques situés dans les communes de l’unité urbaine de Paris (410 communes). Seuls les poulaillers sur terrain nu sont concernés.

 

L’évaluation des teneurs en dioxines des poulaillers toulousains

Toulouse est la troisième métropole de France avec un fort taux annuel de croissance de sa population. Cet essor est associé à l’accroissement des activités humaines potentiellement productrices de dioxines.

Suite au signalement d’une détection de dioxines dans des œufs issus d’un poulailler domestique dans le sud de Toulouse, le Préfet a décidé un plan de gestion en 2 volets afin de :

  1. s’assurer de la conformité des installations industrielles potentiellement émettrices de dioxines par la DREAL en Haute-Garonne 

  2. de caractériser la présence de dioxines dans l’agglomération toulousaine et d’informer les personnes sur les gestes de prévention des dioxines par l’ARS Occitanie.

L’ARS Occitanie a défini une étude descriptive des teneurs en dioxines des œufs produits dans des poulaillers domestiques se fondant sur le protocole appliqué en Île-de-France. Cette étude couplée à des mesures dans le sol permet d’évaluer l’impact des activités humaines sur l’environnement toulousain.

Un bureau d’études a été désigné en octobre 2024 pour l’identification des poulaillers domestiques et l’analyse de la teneur en dioxines des œufs produits et du sol de ces poulaillers. Les résultats ont été rendus en avril 2025.

Les 35 POP sont tous identifiés dans les 12 poulaillers et œufs analysés. Cette présence diffuse est majoritairement inférieure aux valeurs réglementaires sans lien avec la proximité de l’incinérateur du Mirail à Toulouse. 

La teneur en dioxines dans les œufs est proportionnelle à celle caractérisée dans le sol du poulailler. 4 poulaillers présentent des dépassements mineurs des valeurs réglementaires. Les enquêtes environnementales ont identifié des sources locales de dioxines dans ces poulaillers.

 

Recommandations pour prévenir son exposition aux dioxines :

Même si l'étude ne démontre pas de pollution généralisée, l’ARS recommande de réduire toute consommation exclusive d’œufs autoproduits puisque chaque environnement est susceptible d’être contaminé selon les activités locales. Les personnes les plus sensibles sont les enfants, les femmes enceintes et allaitantes, et les personnes avec un indice de masse corporelle élevé.

L’ARS Occitanie recommande de varier son alimentation et ses sources d’approvisionnement pour réduire le risque de surexposition aux polluants organiques persistants.

Tous les particuliers propriétaires d’élevage de poules, qu’ils soient installés en ville ou à la campagne, sont encouragés à respecter les bonnes pratiques définies par la Direction générale de la santé dans la nouvelle édition du « petit guide de l’autoconsommation en toute sécurité :

  1. Construction du poulailler :

  • éviter tous les matériaux anciens, de récupération ou des bois traités pouvant contenir potentiellement des polluants

  1. Gestion des poules :

  • Donner les aliments dans une mangeoire et non directement sur le sol ;

  • Ne pas répandre de cendres (barbecue, cheminée…) dans le jardin ;

  • Choisir un aliment adapté aux besoins des poules (en demandant conseil auprès des professionnels).

Plus les poules sont exposées au sol nu, plus elles s’exposent aux dioxines au cours de leur vie. La consommation de ses œufs peut être poursuivie plusieurs mois après la bonne mise en place des recommandations ci-dessus.

Si vous êtes un consommateur régulier d’œufs de poules domestiques, et en cas de question pour votre santé, vous pouvez prendre conseil auprès de votre médecin traitant ou auprès du service médical du centre antipoison et de toxovigilance de Toulouse au 05 61 77 74 47.

Pour en savoir plus consultez la Foire aux questions