Hépatite B en Occitanie : se protéger, se vacciner

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L’hépatite virale B (VHB) est une maladie due à l’infection par à un virus à ADN.
La contamination se fait principalement par voie sexuelle (relations sexuelles non protégées), mais également par contact direct ou indirect avec du sang infecté ou transmission de la mère à l’enfant, lors de l’accouchement.

La transmission du VHB lors de soins est possible en cas de respect insuffisant des précautions universelles d’hygiène. Depuis le dépistage systématique des dons de sang, le risque résiduel de transmission par transfusion est extrêmement faible.

L’hépatite B aiguë est une maladie à déclaration obligatoire depuis mars 2003.

Situation épidémiologique

Au niveau national

En France, d’après les dernières données disponibles datant de 2016, 0,30 % [0,13-0,70] des adultes âgés de 18 à 75 ans sont porteurs chroniques, du virus de l’hépatite B soit 135 706 personnes [58 224-313 960].  La prévalence de l’infection chronique avec le virus de l’hépatite B n’est pas significativement différente entre les hommes (0,28%) et les femmes (0,32%). Parmi les personnes avec une hépatite chronique B la part de celles connaissant leur infection a été estimée à 17,5% [4,9-46,4].

En 2019, en France 49,8 personnes pour 100.000 habitants étaient en ALD pour une hépatite B (Figure 1).

D’après les dernières données disponibles, sur la période 2017 à 2019, 171 cas d'hépatite B aiguë (dont 31% de femmes) ont été diagnostiqués. L’âge médian des personnes diagnostiquées sur ces trois années était de 38 ans, il était de 28 ans chez les femmes et de 44 chez les hommes.
En situation de prise de risque comme chez les usagers de drogues l’enquête ANRS-Coquelicot 2011-2013 a permis d’estimer la prévalence de l’hépatite chronique B à 1,4% (IC95% : 0,8-2,5).

Figure 1 : Nombre de personnes en ALD pour 100.000 habitants au 31 décembre 2019 pour une hépatite chronique B en France, par département (SNIIRAM SNDS, données tous régimes)

Cartographie Nombre de personnes en ALD pour 100 000 habitants pour une Hépatite chronique B en France

 

Épidémiologie en Occitanie

D’après les données d’une campagne de dépistage des hépatites (B et C) en population générale adulte (10.143 personnes) réalisé fin 2019 dans la ville de Montpellier, 0,6% des personnes dépistées se sont avérés porteurs chroniques de l’Ag HBs.
En 2019 en Occitanie 3 cas d’hépatite aigue B ont été rapportés. Toujours en 2019, en Occitanie 32,3 personnes pour 100.000 habitants bénéficiaient d’une ALD pour une hépatite chronique B.

Principales expositions à risque en 2020

Les populations les plus exposées à l’infection par le virus de l’hépatite B sont les usagers de drogues, les personnes détenues et les personnes nées en pays de forte endémicité. L'infection survient en population générale principalement chez de jeunes adultes majoritairement en lien avec des comportements sexuels à risque.

La maladie

Une hépatite aiguë B survient en moyenne 4 à 12 semaines après la contamination.  Dans la majorité des cas cette infection passe complètement inaperçue, mais dans 10 à 30 % des cas, des symptômes comme une fatigue, un ictère, des selles décolorées, des nausées et/ou vomissements ainsi qu’une perturbation du bilan hépatique peuvent se produire.
Chez moins de 1 % des patients, une forme « fulminante » peut survenir, nécessitant une greffe du foie.
Aucun traitement n’est recommandé au cours de l’hépatite aiguë, excepté dans ces formes fulminantes. La meilleure prévention de l’hépatite B est la vaccination.
Chez plus de 90 % des adultes immunocompétents, l’hépatite guérit spontanément, en moins de 6 mois. Chez 10% des adultes ou chez jusqu’à 90% des enfants contaminés à la naissance, l’hépatite aiguë évolue vers un stade chronique.
Le diagnostic de l’infection par le virus de l’hépatite B est réalisé par une sérologie (prélèvement sanguin ou test rapide d’orientation diagnostique)
L’histoire naturelle de l’hépatite chronique se compose de différentes phases de l’infection.
La sévérité de l’hépatite chronique est basée sur l’importance des lésions de fibrose qui peut évoluer jusqu’à une cirrhose dont une des complications représente le cancer hépatocellulaire.

Les modes de transmission

Le virus de l’hépatite B se transmet par voie sexuelle (notamment relations sexuelles non protégées), par contact direct ou indirect avec du sang infecté (par partage du matériel d’injection chez les usagers de drogues, par réalisation d’un tatouage ou d’un piercing avec du matériel non à usage unique…) et de la mère à l’enfant, principalement lors de l’accouchement.
La transmission du VHB lors de soins est possible en cas de respect insuffisant des précautions universelles d’hygiène. Depuis le dépistage systématique des dons de sang, le risque résiduel de transmission par transfusion est extrêmement faible.
Prévention
La prévention de la maladie repose sur la vaccination.

Vaccination

La vaccination est la protection la plus efficace contre l’hépatite B
La majorité des contaminations pourrait être évitée en effectuant une vaccination des personnes à risque et en appliquant les recommandations vaccinales en cours.
La primo-vaccination VHB chez les enfants nés depuis le 1er janvier 2018 est obligatoire et comprend deux injections suivies d’un rappel. Pour les nourrissons, une seule injection, aux âges de 2, 4 et 11 mois permet l’immunisation contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la poliomyélite, les infections à Haemophilus influenzae de type b et l’hépatite B.
Un rattrapage vaccinal est recommandé chez les enfants et les adolescents jusqu’à l’âge de 15 ans.

La vaccination contre l’hépatite B est obligatoire pour :

a. les professionnels de la santé et toutes personnes exerçant une activité professionnelle les exposant ou exposant les personnes dont elles ont la charge à des risques de contamination ;
b. les élèves ou étudiants se préparant à l’exercice de certaines professions de santé.

La vaccination est recommandée à toutes les personnes exposées au risque d’infection :

a. nouveau-nés de mère porteuse de l’antigène HBs ainsi que ceux nés en Guyane ou à Mayotte ;
b. enfants et adultes accueillis dans les institutions psychiatriques ;
c. personnes ayant des relations sexuelles avec des partenaires multiples, exposées aux infections sexuellement transmises (IST) ou ayant une IST en cours ou récente ;
d. usagers de drogues par voie parentérale ou intranasale ;
e. voyageurs dans les pays de moyenne ou de forte endémie ;
f. personnes amenées à résider en zones de moyenne ou forte endémie ;
g. personnes susceptibles de recevoir des transfusions massives et/ou itératives ou des médicaments dérivés du sang ;
h. personnes candidates à une greffe d’organe, de tissu ou de cellules ;
i. personnes de l’entourage d’une personne atteinte d'hépatite B aigüe ou chronique (personnes vivant sous le même toit) ;
j. partenaires sexuels d’une personne infectée par le virus de l’hépatite B ou d’un porteur chronique de l’antigène HBs ;
k. personnes détenues qui peuvent cumuler un certain nombre de facteurs d’exposition au virus de l’hépatite B ;
l. personnes porteuses d’une hépatopathie chronique ;
m. personnes infectées par le VIH ou le virus de l'hépatite C ;
n. personnes qui sont susceptibles d’être en contact direct avec des patients et/ou d’être exposées au sang et autres produits biologiques.

En France, les vaccins contre le VHB sont disponibles en pharmacie sur ordonnance médicale.
Pour la population générale, le schéma préférentiel de la vaccination contre l’hépatite B comporte trois injections intramusculaires (schéma : 0, 1 mois, 6 mois)                                               
Le vaccin contre l’hépatite B est disponible (prescription, administration et vaccin) dans tous les Centres gratuits d’Information de Dépistage, et de Diagnostic (CeGIDD) d’Occitanie

2022
Par le Docteur Magdalena MESZAROS - Hépato-gastro-entérologue – Coordinatrice Médical Service Expert de Lutte contre les Hépatites Virales (SELHV) Montpellier et Coordination Hépatites Occitanie (COHEP)

 

Aller plus loin

Références

  1. Laporal S, Léon L, Pioche C, Vaux S, Pillonel J, Lot F, et al. Estimation du nombre de diagnostics d’hépatite B aiguë et de l’exhaustivité de la déclaration obligatoire en France en 2016, enquête LaboHep 2016. Bull Epidémiol Hebd. 2019 ; (24-25):496-501.
  2. Saboni L, Brouard C, Gautier A, Chevaliez S, Rahib D, Richard JB, et al. Prévalence des hépatites chroniques C et B, et antécédents de dépistage en population générale en 2016 : contribution à une nouvelle stratégie de dépistage, Baromètre de Santé publique France-BaroTest. Bull Epidémiol Hebd. 2019;(24-25):469-77.
  3. https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2022/hepatite-a-chiffres-2020
  4. https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/hepatites-virales/hepatites-b-et-d/la-maladie/
  5. Guinard A, Riondel A, Six C, Pageaux GP, Meszaros M, Hottier T, et al.; Comité technique Montpellier sans VHC. Campagne de dépistage universel «Montpellier sans hépatiteC» 2019: description et évaluation. Bull Epidémiol Hebd. 2020;(31-32):604-11.
  6. Brouard C, Pillonel J, Sogni P, Chollet A, Lazarus JV, Pascal X, Barin F, Jauffret-Roustide M; ANRS Coquelicot Survey Group. Hepatitis B virus in drug users in France: prevalence and vaccination history, ANRS-Coquelicot Survey 2011-2013. Epidemiol Infect. 2017 Jan 19:1-11. doi: 10.1017/S0950268816003137. Epub ahead of print. PMID: 28100289.