Le dépistage du saturnisme infantile

Article

Vous habitez un logement construit avant 1949 ? Vous avez des enfants ? Vous êtes enceinte ? Attention à l’intoxication par le plomb, le saturnisme peut vous concerner...

Qu’est-ce que le saturnisme ?

Le saturnisme est une maladie grave due à une intoxication par le plomb. Le plomb est respiré ou avalé puis passe dans le sang, avant d’être stocké dans les os où il peut mettre plusieurs années à s'éliminer. L’intoxication est particulièrement dangereuse pour la santé des enfants et des femmes enceintes. On parle de saturnisme à partir de 50µg de plomb par litre de sang.

Quels sont les dangers ?

L’action toxique du plomb peut provoquer des problèmes graves et parfois irréversibles comme :

  • des problèmes de croissance, de développement,
  • un retard intellectuel,
  • des troubles du comportement et de l’attention,
  • une maladie des reins,
  • chez la femme enceinte, un avortement ou un accouchement prématuré.

Chez l'enfant, le saturnisme est une maladie à déclaration obligatoire qui nécessite :

  • une enquête environnementale pour identifier les sources d'exposition,
  • des mesures pour stopper la contamination (ex: travaux dans le logement).

 Quelles sont les situations à risque et comment éviter l’intoxication au plomb ?

La peinture est abîmée au niveau des murs, fenêtres ou balcons. Votre enfant joue avec ou la met à la bouche.

  • Ramassez les morceaux ou poussières de peinture avec une serpillère humide (pas de balai, ni d’aspirateur) ;
  • Evitez l’humidité : en aérant souvent et en chauffant l’hiver ;
  • Lavez-vous souvent les mains ainsi qu’à vos enfants (surtout avant les repas), coupez-leur les ongles courts ;
  • Lavez régulièrement les jouets ;
  • Ne faites pas seul des travaux de rénovation dans le logement sans mesures de protection spécifiques.

Des précautions à prendre si vous réalisez vous-même des travaux portant sur des peintures au plomb

Le constat de risque d'exposition au plomb (CREP) :

Si vous louez un logement construit avant 1949, demandez-le à votre propriétaire ;

Si vous achetez un logement, demandez-le à votre notaire lors de la vente.

  • Faites couler l’eau avant de la boire ;
  • N’utilisez pas l’eau du robinet pour préparer les biberons (préférez l’eau en bouteille).

  • Ne consommez pas les aliments produits à proximité (ex : légumes du potager) ;
  • Lavez souvent le logement pour éviter les poussières riches en plomb (nettoyage humide, ex : serpillère).

Récupération des métaux « ferraillage », ou de batteries, démolition de bâtiments anciens, céramiste, pratique du tir au fusil en stand...

  • Prenez une douche après l’activité (lavez-vous les mains au minimum) ;
  • Eloignez les vêtements et outils des enfants et femmes enceintes.

  • N’utilisez ces récipients artisanaux qu’en décoration : pas de contact avec les aliments ou boissons.

Supprimez-les totalement chez les enfants et les femmes enceintes.

Que faire en cas de doute ?

Certains signes vous alertent ?

Troubles de l’humeur, hyperactivité, difficultés d’apprentissage, problème de croissance, anémie, troubles digestifs,… Ces signes peuvent être la conséquence d’une intoxication par le plomb.

Vous pensez que votre famille est exposée au plomb ?

  1. Parlez-en à votre médecin ou sage-femme. Il fera le point avec vous sur les risques d’exposition au plomb.
  2. Si nécessaire, il prescrira un examen appelé plombémie pour mesurer la quantité de plomb dans le sang.
    On parle de saturnisme à partir de 50 µg de plomb par litre de sang.
    L’examen est remboursé à 100 % par la Sécurité Sociale pour les enfants de 0 à 18 ans et les femmes enceintes.
  3. En fonction de l’intoxication et des sources d’exposition, il vous donnera des conseils pour réduire ou supprimer l’exposition. Dans certains cas, des médicaments seront prescrits. Le plomb sera éliminé progressivement de votre corps. Un suivi médical régulier devra donc être réalisé.

Vous êtes un professionnel de santé

Chez la femme enceinte,

le repérage du risque doit se faire au moment de l’entretien prénatal du 4ème mois. Les expositions des femmes enceintes à une source de plomb, pendant leur enfance ou leur grossesse, peuvent être à l’origine d’une contamination de l’enfant qu’elles portent.

En interrogeant votre patiente, si vous repérez au moins l’un des facteurs de risque suivants :

  • Activité professionnelle ou de loisirs à risque (actuellement ou auparavant)
  • Contact récent avec des poussières issues de travaux de rénovation d’un logement ancien
  • Utilisation de remèdes ou de compléments alimentaires traditionnels (ex : azarcon)
  • Ingestion de substances non alimentaires telles que l’argile, la terre, le plâtre, les écailles de peinture
  • Utilisation des cosmétiques traditionnels (ex : khôl, surma…)
  • Utilisation de plats en céramique d’origine artisanale pour cuisiner (ex : plat à tajine)
  • Conservation des aliments dans des récipients en étain ou en cristal
  • Consommation d’eau du robinet et présence de canalisations en plomb
  • Intoxication antérieure au plomb
  • Habitation ou fréquentation régulière de lieux proches d’un site industriel rejetant du plomb dans l’atmosphère

Vous devez alors prescrire une plombémie à votre patiente afin d’évaluer le risque, puis prévoir la réalisation de la plombémie également auprès du nouveau-né.

Chez l’enfant,

le risque de saturnisme doit être évalué en particulier lors des examens des 9ème et 24ème mois (cf carnet de santé).

Si vous repérez au moins l’un des facteurs de risque suivants :

  • Logement ancien et dégradé ou présence de peintures écaillées ou travaux récents réalisés,
  • Comportement de pica de l’enfant,
  • Autre(s) enfant(s) intoxiqué(s) dans l’entourage,
  • Profession des parents ou loisirs à risque,
  • Consommation d’eau du robinet et présence de canalisations en plomb,
  • Pollution industrielle,
  • Arrivée récente en France (exposition potentielle dans le pays d’origine)

Vous devez alors prescrire un dépistage du saturnisme (plombémie)

Les plombémies réalisées chez les enfants mineurs font l’objet d’un système national de surveillance (arrêté du 5 février 2004). Chaque fois qu’un médecin prescrit une plombémie chez un enfant mineur, il joint à sa prescription la fiche complétée. Celui qui réalise le prélèvement renseigne la date et le mode de prélèvement sur la fiche et la transmet au biologiste du laboratoire d’analyse de la plombémie. Celui-ci complète la fiche, la renvoie au prescripteur et en envoie également une copie au médecin du centre antipoison et de toxicovigilance.

En cas de plombémie supérieure ou égale à 50 μg/l de sang en primodépistage chez le mineur, le médecin procède à la déclaration obligatoire du saturnisme en transmettant la fiche de surveillance au médecin de la plateforme de signalement de l’Agence Régionale de Santé.

Fiche de surveillance des plombémies (Cerfa)

Aller plus loin

Contact

La plateforme régionale de signalement :

Une adresse mail : ars-oc-alerte@ars.sante.fr

Un numéro de téléphone gratuit pour l’appelant : 0800 301 301

Un numéro de télécopie : 05 34 30 25 86

Pour tout envoi par mail ou fax nécessitant une réponse urgente, merci de doubler d’un appel téléphonique.